| Poema 1 (voz
    primera)
 Françoise: Desbarrancarse
 A veces, semiborrada, y contra
    lo que dejabas esperar, te abres. Se ve en ti una rendija llena
    de cosas oscuras y pesadas. Una rendija de versos, forma dilatoria
    de ese cartílago del alma que es la poesía. Por máscara que parezcas, el camaleón está
    incompleto. Te veo mirar el sol con lupa, describir a golpe de
    flores el mundo animal, el vegetal, el mineral. Tus palabras
    son cascabelillos. La diéresis te parte en dos como un
    machetazo que deslinda tu todo en dos mitades: la negra y la
    blanca, la rumorosa y la muda, la umbría y el astro en
    su cenit.
 Yo sí, vi el precipicio que guardas en el estómago,
    y sueltas, un paso adelante, como una alcancía que escupiera
    sus monedas por la ranura. Tienes la mano sobre mi hombro. Dulcemente
    estamos sentadas al borde del vacío, tú con tus
    canastas de bosques diminutos en la mano y los miembros que cercenas
    ocultos bajo la falda, yo con la espumosidad de mi boca, la cuerda
    floja de lo que sueño cuando el señor de la noche
    me ha bajado los párpados. Un empujón y soy pájaro.
 
 Karla: Ceguera
 respuesta a "Desbarrancarse"
 Está oculta. Pero deja
    ver a quienes asoman un poco de su oído a la ranura. Y
    deja ver todo. Esa oscuridad densa retrata la ligereza musical.
    Habla con el tono de quien no quiere decir pero canta.La máscara es gris, pero verde. No hay máscara.
    Sólo ella la mira y se la pone. La inventa. La noche le
    dicta el golpeteo de cada letra en el ventrículo izquierdo.
    El humo la esconde, pero sólo por momentos. Está
    ahí pero en pedazos. No son dos, ni blanca ni negra tos
    de cada cosa que se asoma por antojo y sin nombrarse. La luz
    es un hilo que se va formulando en cada pieza tocada por sus
    dedos.
 No, no veo el precipicio; pero me precipito a ciegas. Y veo su
    mano sobre tu hombro. Las veo sentadas al borde. Yo estoy detrás.
    Sus cabezas están a la altura del aire. Recojo los canastos
    llenos de bosques sin que nadie se dé cuenta, los envuelvo
    con la niebla de tu boca. Avanzo por la cuerda sin mayor riesgo
    que el peligro de ir sola.
 Tú vuelas, pájaro en alas. Yo me quedo en el nido
    sin respuestas.
 
 Françoise: Respuesta a "Ceguera"
 Ya que hablamos de ceguera
    y ocultamientos, absición de la luz, que le llaman los
    astrónomos, haces bien en invocar las máscaras.
    ¿Y si en vez de oscuridad detrás, fuera la luz
    que hila el antifaz al rostro? Y ¿por qué el ventrículo
    izquierdo? El de la sangre harapienta, fuliginosa, parda, retinta:
    tal vez ahí (no hago caso al maestro de retórica
    que me dice que son demasiados adjetivos para una sola sangre),
    tal vez ahí encuentre ella la oscuridad.Pero ocurre la alquimia de nigredo a blanquedo, y el haber visto
    las cosas que el verso lacra instala el hilo de luz en la vena
    que los cardiólogos conocen por dentro, y ella tiene dentro
    de los vasos sanguíneos un cordel luminoso como una médula
    de corazón a capilares.
 En cuanto al precipicio, qué hermosas nos vemos ahí
    al borde, como tú al borde de la claridad del primer poema,
    sentadas con canastos de bosques, grutas, gatos, espejos, amibas,
    pasto, pulsos, y todo lo que ella pone como en una subasta venida
    a menos. ¿En verdad nos ves ahí, viendo el ocaso
    como niñas de buenas costumbres, delantal limpio, zapatos
    boleados, labios zurcidos? ¿En verdad te dice la boca
    del acantilado: "Karla, salta"?
 |   Françoise : Tomber
    dans le vide Parfois, à demi-effacée,
    et à l'encontre de ce que tu laissais envisager, tu consens
    à t'ouvrir. On voit en ton for intérieur une entaille
    pleine de choses obscures et pesantes. Une entaille pleine de
    vers, forme dilatoire de ce cartilage de l'âme qu'est la
    poésie. Tu as beau être plein masque, le caméléon
    reste incomplet. Je te vois regarder le soleil à la loupe,
    décrire à coups de fleurs le monde animal, le monde
    végétal, le monde minéral. Tes paroles sont
    de petits grelots. Le tréma te coupe en deux comme un
    coup de machette délimitant le tout que tu formes en deux
    moitiés égales: la noire et la blanche, la murmurante
    et la muette, l'ombrageuse et l'astre à son zénith.
 Moi, oui, j'ai vu le précipice que tu ranges dans ton
    estomac, et que tu lâches, un pas devant, comme une tirelire
    qui par la fente cracherait ses monnaies Ta main est posée
    sur mon épaule. Nous sommes doucement assises au bord
    du vide, toi avec ton panier de minuscules petites forêts
    sous le bras et les membres que tu tranches bien cachés
    sous tes jupons, moi avec l'écume de ma bouche, la corde
    raide de ce à quoi je rêve lorsque le seigneur de
    la nuit m'a baissé les paupières.
 Une poussée, et je deviens oiseau.
 Karla: Aveuglement
 Réponse à "Tomber dans le vide"
 Elle est cachée. Mais
    elle laisse entrevoir quiconque approche un peu de son oreille
    à l'entaille. Et elle laisse tout entrevoir. Cette dense
    obscurité dépeint la légéreté
    musicale. Elle parle sur le ton de qui ne veut rien dire mais
    chante.Le masque est gris, mais vert aussi. Il n'y a pas de masque.
    Il n'y a qu'elle qui le regarde et se le met sur le visage. Elle
    l'invente. La nuit lui dicte le tambourinage de chacune des lettres
    dans le ventricule gauche. Il se cache dans un nuage de fumée,
    mais seulement par moments. Il est là, mais en morceaux.
    Il n'y en a pas deux, ni toux blanche, ni toux noire. C'est plutôt
    une myriade de fragments de chaque chose qui se laisse voir par
    caprice et sans se nommer. La lumière est un fil se déroulant
    dans chaque pièce jouée par la magie de ses doigts.
 Non, je ne vois pas le précipice.; mais je m'y précipite
    à l'aveuglette. Et je vois sa main sur ton épaule.
    Je vous vois toutes deux assises au bord. Je me tiens derrière.
    Vos têtes sont à la hauteur de l'air. Je ramasse
    les paniers pleins de forêts sans que personne ne s'en
    rende compte, je les enveloppe dans le brouillard de ta bouche.
    J'avance sur la corde sans autre risque que celui d'y aller toute
    seule.
 Tu prends ton envol, oiseaux tout en ailes. Moi je reste ici,
    dans le nid sans réponses.
 
 Françoise : Réponse à "Cécité"
 Puisque nous parlons de cécité
    et d'occultation, abscission de la lumière, comme disent
    les astronomes, tu fais bien d'invoquer les masques. Et si derrière,
    au lieu de la noirceur, c'était la lumière qui
    filait le masque au visage? Et pourquoi le ventricule gauche?
    Celui du sang en haillons, fuligineux, brunâtre, fauve
    : peut-être que là (je fais fi du professeur de
    rhétorique qui me dit que ça fait trop d'adjectifs
    pour un seul sang), peut-être que là elle y trouvera
    la lumière.Mais l'alchimie se fait de nigredo à blanquedo, et le
    fait d´avoir vu les choses que le vers cachète à
    la cire installe justement le fil de lumière dans la veine
    que les cardiologues connaissent de l´intérieur.
    Et elle qui a dans les vaisseaux sanguins une ficelle lumineuse
    comme une moelle allant du coeur aux vaisseaux capillaires!
 En ce qui concerne le précipice, comme nous sommes belles
    assises au bord, comme toi au bord de la clarté du premier
    poème, avec nos paniers de forêts, nos grottes,
    chats, miroirs, amibes, gazon, pouls, et tout ce qu'elle y met
    comme à des enchères de gens tombés en grade!
    Tu nous vois vraiment là, regardant la tombée du
    jour comme de petites filles aux bonnes moeurs, le tablier propre,
    les souliers bien vernis, les lèvres cousues? La bouche
    de la falaise te dit vraiment: "Karla, saute"?
 | | voz primera
    | | voz segunda |
 | voz tercera |
 | voz cuarta |
 | voz quinta |
 | voz sexta
    |
 |